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C.
3 février 2008

J. emporté par le vent.

   22h. Rue St N. Les visages inexpressifs vont et viennent en souriant. Carpe. Je répère à l'intérieur du bar la clique habituelle. Alex.A en moins puisque celle-ci fait ses bagages. Un écossais se rapprochent et me fait la bise mais ressent le besoin de me purifier avec sa propre salive. Je plie sous le poids de cette main baveuse tendue au dessus de mon front. "Ne me touche pas.". "Tu es magnifique. Prends garde aux charognards qui guettent à ta porte.". Bah voyons.   

   J. sort du bar et s'en grille une. En guise d'Adieux/Au Revoir, un joyeux bordel, comme il sait si bien les créer. J. et sa frimousse d'ange. J. et sa voix haut perchée, ses yeux bleus électriques et ses mains manipulant le vent. J. se lève et déserte, nous perd, rentre dans un bar et se fait offrir des verres avant de sortir en courant en hurlant "Faut qu'on se casse d'ici !" ... What ?!

   J. Tout un art. Un tel cri nous a fait prendre la fuite car, connaissant la bestiole, il aurait été capable de s'en prendre à deux fois plus gros que lui et e façon gratuite. J. est l'exemple même de l'Excessif ... Aussi, lorsque J. est sorti en courant, nous nous attendions à voir un routier sortir derrière lui, l'oeil en sang. 500 mètres plus loin, J. est assis, sourire aux lèvres, yeux mi-clos, assis mollement sur une marche. "C'est votre faute. Je voulais juste qu'on sorte et du coup, vous avez même oublié de remercier le type qui m'a offert à boire."

   J. Affreux. Il titube. 22h à peine et le voilà parti loin, il plane seul. Sa grande soeur et moi parvenons à hisser un bras sur nos épaules et nous le portons. Il tombe et se relève à chaque instant. J. n'abandonne jamais, il ne vomit pas : il rit et me serre dans ses bras et voici que ses mots s'emmêlent ... et les miens par la même occasion. Il m'achève, ce bonhomme, avec sa liberté d'enfant, son rire contagieux, ces conneries universelles. Le voici munie d'une arme ultime, d'un "gloss" pour gonzesse, et voici qu'il tente de maquiller les hommes de la rue. Non sans mal.

   3h : Me revoilà, moins sobre, serrant de nouveau J. dans mes bras. Là, à cet instant précis, tandis que je suis debout, sobre, serrant J. dans mes bras de toutes mes forces tandis que sa tête glisse sur mon épaule et ses jambes perdent pieds, ces mots : "Tu vas me manquer Charlotte. Sérieux. Tu vas me manquer. Prends soin de toi je le veux.". Je n'aime pas les Au Revoir.

   J. a cet air triste, le même regard qu'il peut avoir lorsqu'il parlait de sa demoiselle au passé. Un air désolé. Et moi, je me sens foutrement conne. Je suis encore affreusement sobre, il est affreusement saoûl. Il tourne la tête, prend maladroitement son vélo et me salue une dernière fois, sa main gelée sur ma joue "Je te tiens au courant. Prends soin de toi". Sa voix se perd. Perd de ses aigus. Le voici chevauchant maladroitement sa monture d'acier, aidé par deux amis amusés.

   Finalement, il semblerait que je ne sois pas la seule à ne pas aimer les Au Revoir.

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