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C.
6 avril 2008

"Si tu t'attends à ce que je joue les vieux

"Si tu t'attends à ce que je joue les vieux grognards qui savent tout de la vie, tu risques d'être déçue."

   Je ne connais Dg.Fist que depuis deux mois à peine désormais. Il apparait souvent au milieu de l'agitation générale, avec ses lunettes carrées noires, sa veste old school, clope pendue aux lèvres. La première personne qui fume autant que moi, c'est une certitude désormais. Le vieux Grognard n'a aucune philosophie à nous revendre, mais palpe son gobelet de bière les yeux perdus quelque part dans les coussins du canapé et crache : "Quand tu peux, tu ne le sais pas, et lorsque tu le sais, tu ne peux plus." Ce n'est pas aussi simple mais c'est un des nombreux schémas existants régissant les rapports humains.

   Le vieux Grognard a exactement le double de mon âge. Il a deux décennies d'avance sur moi. Je l'envie à ma façon et je m'éfforce de lui faire comprendre qu'il n'existe pas de voie de garage pour lui, ni aucun des êtres plus ou moins intelligents et humains de cette ville. Tout est une question de dosage, une connerie de chimie, d'équation à x inconnues encore une fois. Doser comme il faut la part d'humanité sans quoi on se noie les poumons gonflés d'acide. Le Grognard est assez comique et m'apaise un peu. Lui, Arm. et Rapha. Arm. et ses Granolas qu'elle trempe inlassablement dans son chocolat chaud Banania. Il y a aussi le mutisme de Rapha conduisant sa ZX avec moi pour seule passagère. Un silence reposant. Pas de dialogues forcés.

   Mon impatience s'emballe. Plus qu'un mois environ avant le départ pour les différents festivals de France, ainsi que ma semaine à Londres et ma thérapie -personnelle évidemment et donc constituée à 80% d'alcool et de randonnées à vélo qui sait- à Ré.

   Une meute pour chaque endroit, chaque époque. Je retrouve chaque visage à l'endroit où je l'ai rencontré. J'observe les environs, les pupilles de mes grands yeux verts entièrement dilatées tandis que ma langue ne cesse de caresser ma canine. Il y a une autre chose. Une partie de la faune locale qui m'intrigue toujours. Les rues grouillent d'individus, j'aimerais resserrer mes blanches phallanges autour de quelques gorges fines et osseuses, apprécier le contact de ma botte s'écrasant dans les côtes fragiles de quelques torses fragiles.

   Parfois, j'occulte pas mal de choses. Je fais abstraction de ce téléphone qui vibre dans mon sac, ainsi que de ce type qui a sa main sur ma taille et murmure mon nom à mon oreille. Toujours ses longs cheveux, ses mains fines, son jean has been très 70's sans parler de cette voix glaciale introduisant un spasme nerveux au niveau de mon dos. Un autre de ces blonds aux yeux clairs dont le nom commence avec un J comme Jugulaire. Le seul J* néfaste de cette cité. J a ses doigts plantés entre mes côtes et ses dents accrochées à mon oreille.  Son souffle chaud me pétrifie. Prédateur sournois. Le retour de Jugulaire, disparu depuis 2 ans. Tranche-la. A reculons. Ou pas.

   A 7h20, la ville s'éveille tandis que je n'ai pas fermé l'oeil depuis près de 3 jours. Jugulaire et sa discrétion absolue est un cauchemar éveillé qui remonte à 1998. Soudain, alors que je suis allongée dans mon lit après un coup de fil -surprenant, inattendu, et destabilisant-, j'imagine les connaissances de ma courte existence avec un regard lubrique et un sourire carnassier jugulairiens. Le sommeil me manque.

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