n°5

   La pluie tombe enfin sur la ville. Après une semaine absolument chaotique et un vendredi totalement chiatique, je me suis accordée le droit divin de glander des heures durant devant la fac, assise sur le macadam en parlant de sujets douteux (de cul, de chatte, de sperme, de sodomiii-a) avec Juliane.

   Nous avons également maintenu cette conversation lorsque l'homme de la demoiselle est arrivée. Cinq minutes plus tard, il nous saluait avec une forte envie de vomir. Le rire de Juliane est puissant, comme le mien, mais il ne parvient pas à contaminer P qui fixe le sol d'un regard totalement vide. Victime du sentiment d'abandon. Persuadée de ne plus être la muse de personne.

(@ Norman)

   Je ne compte plus les jours. Chaque jour une nouvelle histoire, une nouvelle aventure. Le départ de la plupart des personnes de mon entourage m'a transformée en une sorte de girouette droguée à l'être humain. Tous les deux jours une nouvelle rencontre. Je révise avec Sabrina, je prends l'apéro avec Raph, je ris avec Laura et P, je parle anglais avec John, j'enlace Marjo et Alexandre, je fume et me décalque la gueule avec Jean tout en le trouvant très beau, je regarde des films avec mon chat Bacchus, je me pervertis en regardant le postérieur de Arnaud lorsqu'il me sert une bière, je chatouille ma mère, je m'engueule avec mon père, je m'effraye avec le Déserteur, je pleure en regardant ma grand mère, je suis jalouse concernant R0x, je reste distante avec mon frère, je m'assagis avec Audrey, je ris aux larmes avec Joseph, je m'énerve avec B, je parle à moi-même, je danse avec Pan, je me maquille avec Marjo etc, etc, etc, etc, etc, etc, etc, ...

   La dépendance à l'espèce humaine me perdra. Je suis déjà rassurée à l'idée de passer une semaine dans l'île avec la clique de joyeux lurons, avec Mario Kart, quantités d'alcools, quantités d'herbe, quantités de bouffe. Cela me rappelle le calme de l'été dernier, lorsque nous allions prendre une glace sur le Port de St Martin en pyjamas et tongues.

   La pluie me fait penser à une entr'acte destinée à calmer l'agitation de la semaine. Refroidir l'atmosphère. Je n'ai pas envie d'alcool ces temps-ci. Je travaille comme une acharnée afin d'éviter de me perdre davantage dans les missions sociales.